Il est où le patron ?
Auteur.rice
Maud Bénézit et les paysannes en polaire
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Au-delà des tâches physiques, on pourrait retrouver ces modes de co-apprentissage sur d’autres aspects de la vie entrepreneuriale.
Les ateliers en non-mixité
Pour des espaces d’apprentissage et de travail hors du patriarcat
Dans l’ouvrage, le collectif de paysannes organise des temps de travail et d’apprentissage non-mixtes pour mettre fin à l’inhibition de chacune à réaliser des tâches socialement perçues comme masculines : réparation, construction, utilisation de la tronçonneuse. Ces temps permettent de retrouver un espace de maîtrise et de confiance en soi pour assurer son autonomie professionnelle.Au-delà des tâches physiques, on pourrait retrouver ces modes de co-apprentissage sur d’autres aspects de la vie entrepreneuriale.
La mutuelle des activités
Auteur.rice
Ursula K. Le Guin
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
La société d'Annares ne connaît, en théorie, ni gouvernement ni institutions autoritaires coercitives. Il s'agit de l'achèvement d'une société anarchiste totale. Dans cette société, l'usage du possessif est fortement découragé et l'égotisme est une pratique antisociale aussi réprimée que le racisme pourrait l'être. Dans ce monde, on choisit son orientation professionnelle, mais toutes doivent participer à un mécanisme d'attribution planétaire de tâches collectives pour assurer le fonctionnement et la maintenance de la société. Ainsi à tour de rôle, et de manière arbitraire, toutes doivent participer à l'agriculture, ou les travaux publics, pour permettre à chacun·e d'avoir l'espace de réflexion et d'activité propre, volontaire et choisi.
La précarité durable - Vivre en emploi discontinu
Auteur.rice
Nicolas Roux
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Les multiples crises qui émaillent la société depuis plusieurs années remettent régulièrement la précarité sur le devant de la scène, avec une tendance de fond : la multiplication des formes d’emploi discontinu, faisant alterner emploi et chômage dans la durée.
Cet ouvrage fait le pari de comparer deux populations que tout oppose à première vue, mais pour qui le contrat à durée indéterminée est l’exception : les saisonniers agricoles et les artistes du spectacle. Dans quelle mesure l’emploi discontinu est-il soutenable, c’est-à-dire supportable et acceptable par les personnes concernées ? Quelles ressources permettent de sécuriser leur situation ? Mais aussi, quelles satisfactions peuvent-elles en retirer malgré tout ?
Observer comment ces travailleurs s’adaptent, c’est prendre acte d’un fait social majeur de notre temps, qui veut que tout un pan de la population active soit éloigné des droits et sécurités rattachés à l’emploi stable. C’est aussi réinterroger une société qui, tout en produisant de la précarité à différents échelons, tend encore à la percevoir comme une réalité exceptionnelle et temporaire, alors qu’elle est pour beaucoup une condition durable.
Cet ouvrage fait le pari de comparer deux populations que tout oppose à première vue, mais pour qui le contrat à durée indéterminée est l’exception : les saisonniers agricoles et les artistes du spectacle. Dans quelle mesure l’emploi discontinu est-il soutenable, c’est-à-dire supportable et acceptable par les personnes concernées ? Quelles ressources permettent de sécuriser leur situation ? Mais aussi, quelles satisfactions peuvent-elles en retirer malgré tout ?
Observer comment ces travailleurs s’adaptent, c’est prendre acte d’un fait social majeur de notre temps, qui veut que tout un pan de la population active soit éloigné des droits et sécurités rattachés à l’emploi stable. C’est aussi réinterroger une société qui, tout en produisant de la précarité à différents échelons, tend encore à la percevoir comme une réalité exceptionnelle et temporaire, alors qu’elle est pour beaucoup une condition durable.
La sécurité sociale de l’alimentation
Type de ressource
- Initiative inspirante
- Site internet
Description
Depuis 2019, les membres du collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation échangent, construisent et portent un projet de société à la hauteur des enjeux agricoles et alimentaires. Forts de travaux bien plus anciens, ils partagent leurs expériences, leurs convictions et leurs points de vue pour essayer de penser les institutions d’une socialisation de l’agriculture et de l’alimentation, seule voie à même de répondre aux urgences démocratiques, sociales et écologiques auxquelles nous sommes confrontés. Ce projet permet d’envisager sous un nouveau jour la responsabilité collective vis-à-vis d’autres pans de nos quotidien.
La semaine de 15 heures
Auteur.rice
Hadrien Klent
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Et si on ne travaillait plus que trois heures par jour ?
Telle est la proposition iconoclaste d’Émilien Long, prix Nobel d’économie français, dans son essai Le Droit à la paresse au XXIesiècle. Très vite le débat public s’enflamme autour de cette idée, portée par la renommée de l’auteur et la rigueur de ses analyses. Et si un autre monde était possible ? Débordé par le succès de son livre, poussé par ses amis, Émilien Long se jette à l’eau : il sera le candidat de la paresse à l’élection présidentielle. Entouré d’une équipe improbable, il va mener une campagne ne ressemblant à aucune autre. Avec un but simple : faire changer la société, sortir d’un productivisme morbide pour redécouvrir le bonheur de vivre.
Réduire son temps de travail, sans toucher ses revenus, et envisager tout ce que ça libère de charge mentale, de temps collectifs, d’engagements militants ….
Telle est la proposition iconoclaste d’Émilien Long, prix Nobel d’économie français, dans son essai Le Droit à la paresse au XXIesiècle. Très vite le débat public s’enflamme autour de cette idée, portée par la renommée de l’auteur et la rigueur de ses analyses. Et si un autre monde était possible ? Débordé par le succès de son livre, poussé par ses amis, Émilien Long se jette à l’eau : il sera le candidat de la paresse à l’élection présidentielle. Entouré d’une équipe improbable, il va mener une campagne ne ressemblant à aucune autre. Avec un but simple : faire changer la société, sortir d’un productivisme morbide pour redécouvrir le bonheur de vivre.
Réduire son temps de travail, sans toucher ses revenus, et envisager tout ce que ça libère de charge mentale, de temps collectifs, d’engagements militants ….
Les affinités - Collectif de coopérations similaires
Auteur.rice
Robert Charles Wilson
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Dans un futur proche, toute personne peut s'inscrire à un programme payant pour déterminer à laquelle des vingt-deux Affinités elle appartient. Une affinité est une famille sociale, théorisée pour assurer la meilleure coopération possible. Autoritarisme, auto-organisation, investissement par passion, isolement… chacun·e a sa manière de travailler avec d’autres pour s’épanouir. La promesse de ce service est de classer chaque personne par sa capacité à coopérer de la manière la plus pertinente avec les autres.
Une fois classée dans une affinité, les participant·e·s sont rassemblé·e·s en « tranches », des groupes de 30 personnes amenées à devenir les meilleurs ami·e·s / collègues / soutien / famille dont il est possible de rêver. Rapidement les affinités montrent leur efficacité et transforment le monde économique, les solidarités et viennent requestionner les États et les organisations internationales.
Une fois classée dans une affinité, les participant·e·s sont rassemblé·e·s en « tranches », des groupes de 30 personnes amenées à devenir les meilleurs ami·e·s / collègues / soutien / famille dont il est possible de rêver. Rapidement les affinités montrent leur efficacité et transforment le monde économique, les solidarités et viennent requestionner les États et les organisations internationales.
Cette ressource est inspirante parce que ...
Nous échangeons rarement sur nos manières de travailler. L’idée de clarifier les formes de coopérations et de les rendre effectives à petite échelle permet d’imaginer d’autres formes de structurations hors des entreprises ou des coopératives.
Les galets : Monnaie locale transparente
Auteur.rice
Becky Chambers
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Le Galet est une monnaie locale, mise en place dans le roman “Une prière pour les cimes timides”, qui incite à la coopération et à l’entraide. Cette monnaie est accessible à tou·te·s - (mêmes les enfants), et a pour vocation de matérialiser les échanges de biens et de services. A la différence d’autres formes de monnaie locale, l’état de crédit ou de débit des galets est public, ce qui peut amener les proches d’une personne à intervenir : lorsque quelqu'un·e a un trop gros stock de galets (donc a beaucoup donné sans qu’un contre-don soit effectif), ou au contraire quand le compte de galets est négatif… La communauté est en capacité d’accompagner chacun·e pour que les services se rendent et que les échanges soient maintenus.
Une prière pour les cimes timides, Becky Chambers
La bienveillance collective de galets précède l’idée d’enrichissement individuel. Une société saine est ici une société où le maximum d’échanges ont lieu. Les dérives “d’endettement” ou de “sur-enrichissement” appellent à se soucier de la santé - mentale entre autres - des membres du réseau.
Une prière pour les cimes timides, Becky Chambers
La bienveillance collective de galets précède l’idée d’enrichissement individuel. Une société saine est ici une société où le maximum d’échanges ont lieu. Les dérives “d’endettement” ou de “sur-enrichissement” appellent à se soucier de la santé - mentale entre autres - des membres du réseau.
Le thé offert, des espaces de répit dans la coopération
Auteur.rice
Becky Chambers
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Des moines itinérant·e·s ont pris pour mission d’aller voir chaque communauté pour leur offrir du thé et du temps d’écoute. Le thé est un temps pour soi, un espace de répit où l’on n’est dérangé·e que par ses propres pensées. Les moines sont disponibles pour offrir la boisson idéale en fonction des besoins particuliers de chacun·e. Avec ce temps de répit, les moines offrent un moment coupé des activités quotidiennes pour faire le point et souffler. Si le besoin s’en fait sentir, le moine peut être un interlocuteur attentif qui par l’écoute active permet d’exprimer à un tiers ses difficultés. Mobiles, équipés de tout le matériel nécessaire à leur activité, les moines circulent sur le territoire avec un vélo roulotte pour tout matériel.
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On manque souvent de temps et d’espace pour échanger et prendre du recul sur son quotidien. Ici l’exemple est dé-corrélé d’une approche psychologique, elle propose une respiration organisée socialement avec un interlocuteur régulier, un confident connu qui est hors de sa communauté de travail.
Le travail comme loisir : Le cycle de la culture (Ian M. Banks)
Auteur.rice
Ian M. Banks
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
La Culture est une société post-pénurie vivant une économie de l'abondance : ses techniques de pointe offrent une richesse matérielle pratiquement illimitée et le confort à tou·te·s, gratuitement, et elle a quasiment supprimé la notion de biens. Dans ce monde fictif, l’automatisation du travail a extrait le travail du domaine du labeur pour l’intégrer dans celui du loisir. Nul·le n’est tenu·e de réaliser une activité pour laquelle il ou elle n’est pas pleinement volontaire et qui lui apporte personnellement une valeur de réalisation, de fierté et représentation sociale. On voit ainsi le développement d’un amateurat généralisé, où celles et ceux qui décident de s’investir dans l’industrie ou la maintenance le font avec une intention de dépassement de soi.
Le cycle de la culture de Ian M. Banks:
Le cycle de la culture de Ian M. Banks:
- Une forme de guerre
- L'Homme des jeux
- L'État des arts
- L'Usage des armes
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Il pose la question de la valeur symbolique du travail et de son caractère obligatoire.
Mars la verte et Mars la bleue - Le coopérativisme planétaire
Auteur.rice
Kim Stanley Robinson
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Être indépendante dans une solidarité planétaire
Après la seconde révolution martienne, une nouvelle constitution vient ouvrir une échappée démocratique dans le système solaire. Sur Mars, le coopérativisme prend le pas sur le capitalisme. Tout·e habitant·e est un·e sociétaire économique de la planète. Ses droits lui permettent de venir s’associer à des coopératives - d’emploi, de recherche, d’éducation, d’état, de régie environnementale - et de tracer sa carrière en s’investissant dans des projets collectifs de différentes ampleurs avant de la quitter avec son capital pour reprendre des parts dans de nouvelles communauté économiques. L’idée même de capital infini est limité par un calcul des ressources disponibles. Chacun·e est maître de son destin dans un monde économique devenu démocratique
Après la seconde révolution martienne, une nouvelle constitution vient ouvrir une échappée démocratique dans le système solaire. Sur Mars, le coopérativisme prend le pas sur le capitalisme. Tout·e habitant·e est un·e sociétaire économique de la planète. Ses droits lui permettent de venir s’associer à des coopératives - d’emploi, de recherche, d’éducation, d’état, de régie environnementale - et de tracer sa carrière en s’investissant dans des projets collectifs de différentes ampleurs avant de la quitter avec son capital pour reprendre des parts dans de nouvelles communauté économiques. L’idée même de capital infini est limité par un calcul des ressources disponibles. Chacun·e est maître de son destin dans un monde économique devenu démocratique
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Les coopératives proposent de résoudre la tension entre autonomie et solidarité. Toute la société est pensée pour permettre de garder les capacités d’expression individuelle sans tomber dans une trop grande vulnérabilité collective. Les activités sont un commun auquel chacun·e contribue et tend à consolider.
Révolution précaires ; essai sur l'avenir de l'émancipation
Auteur.rice
Patrick Cingolani
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Consacré à une problématique qui a pris une ampleur insoupçonnée au sortir des Trente Glorieuses, cet ouvrage de Patrick Cingolani nous invite paradoxalement à penser la précarité comme un possible ressort de l’émancipation. L’auteur souligne la polysémie du mot « précaire » dès l’introduction de son ouvrage, ainsi que sa dimension politique : « ce qui fait sa polysémie et sa polyvalence ne provient pas d’un déficit du concept, mais du fait qu’il est tout à la fois social et politique et recèle potentiellement la charge alternative de cette seconde dimension » (p. 1). Le précariat relève pour l’auteur de deux dimensions : objective et subjective. Ainsi, « il est l’expérience sociale et individuelle de leur mise en tension » (p. 14). C’est à travers le prisme de cette tension que l’auteur traite tout au long de l’ouvrage la « question précaire » en s’appuyant notamment sur les expériences individuelles des jeunes travailleurs des industries culturelles et créatives. L’ouvrage se décline en quatre chapitres dont le fil conducteur est la figure du plébéien, associée aux travaux de Jacques Rancière, qui apparaît comme une figure de résistance face à la domination engendrée par les sociétés néolibérales et le capitalisme.
L’auteur revient, dans un premier chapitre, sur l’ambivalence du mot « précarité » à travers deux acceptions « l’une associée à la stratégie [patronale] d’assujettissement et d’exploitation du travailleur passant par la fragmentation et l’opacification des conditions de travail et de l’emploi ; l’autre associée à des pratiques et des tactiques de contournement des modes d’assujettissements et d’exploitation du travail [par les travailleurs eux-mêmes] » (p. 26). Pour l’auteur, ces acceptions antithétiques mais complémentaires du mot « précarité » émanent principalement de la sociologie du travail et des mouvements sociaux. L’auteur fait un retour historique sur les différentes formes d’exploitation ainsi que sur l’évolution des enjeux identitaires au travail dans la deuxième moitié du xxe siècle. Ce retour historique permet de souligner la reconfiguration de l’éthos populaire du travail engendrée par la massification scolaire et l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur. Ainsi l’accès et l’allongement du temps d’étude a permis « l’épanouissement d’une multiactivité allant des loisirs récréatifs aux arts » (p. 35) et permettant la mise en place d’une « dynamique d’expériences » où « l’identité sociale » se construit par « expérimentations répétées » dans et hors travail (p. 36). Pour illustrer cela, l’auteur prend pour exemple emblématique les industries culturelles comme tout à la fois « lieu d’expérimentations majeur des pratiques néomanagériales » et « laboratoire des nouvelles figures du travailleur » (p. 45).
Afin d’illustrer l’« autonomie » et l’« échappée hors de la subordination », Cingolani, dans le deuxième chapitre, mobilise les travaux de Jacques Rancière à partir des récits d’un « philosophe plébéien », Louis Gabriel Gauny, un ouvrier parqueteur du xixe siècle. En s’attardant ici sur le rapport de Gauny à son travail et l’ambivalence du travail à la tâche qu’il effectuait, l’auteur cherche à « approfondir ce que la figure plébéienne a à nous dire des contradictions du travail et des tensions entre émancipation et exploitation » (p. 52).
Revenant au cas des travailleurs de l’industrie culturelle, l’auteur définit « cinq types de déplacement dans la relation de travail et au quotidien » qui caractérisent ces travailleurs qui se situent à la limite du salariat précaire et du travail indépendant. Il distingue ainsi cinq caractéristiques dans le rapport au travail qui sont autant d’options existentielles : « l’horizon d’accomplissement dans le travail », c’est-à-dire la volonté de réaliser un travail correspondant à ses aspirations ; « la relation au singulier », où le travail s’introduit dans la sphère privée ; « le rapport entre travail, connaissance et réputation », c’est-à-dire la reconnaissance par le collectif de travail et par ses pairs ; « la recherche d’intensité » liée au rythme de travail et aux délais de productions toujours plus courts ; et, enfin, « le travail gratification et la frugalité », c’est-à-dire en opposition avec un modèle consumériste. Pour Patrick Cingolani, ces caractéristiques rendent compte à la fois de la grande flexibilité et de la fréquente précarité du travail au sein des industries culturelles.
Au début du troisième chapitre, sont mis en exergue les effets du capitalisme actuel qui configurent de façon nouvelle le travail. En effet, celui-ci participe à réduite le « caractère pyramidal des organisations » et pousse ainsi les salariés, au-delà de l’industrie culturelle, à s’auto-organiser. Ces derniers sont alors amenés à investir une certaine autonomie qui peut cependant se traduire par une forme de « marginalisation sociale » (p. 85). Cette dynamique de marginalisation prend notamment forme lorsqu’il y a « rupture avec les modèles de vies et de consommation dominants » (p. 85), par exemple lorsque des activités non rémunérées sont développées en dehors du cadre formel et dominant du travail.
Enfin, dans le dernier chapitre, Patrick Cingolani revient sur l’ambivalence mise en avant tout au long de l’ouvrage : à savoir que si « les figures de l’autonomie […] ne sont pas une libération du travail ou du travailleur » et qu’« elles s’accompagnent de nouvelles conditions d’assujettissement et de captation du travail » (p. 119), elles peuvent néanmoins être un « ressort alternatif et adversatif » (p. 120). L’auteur nous incite d’une part, à ne pas penser l’autonomie uniquement comme « nouvelle figure d’assujettissement » (p. 120), à l’instar des sociologies contemporaines et, d’autre part, à envisager l’avènement d’une « société postindustrielle » dans laquelle des « potentialités nouvelles » émergent et permettent l’avènement d’un processus d’autoréalisation individuel et collectif des travailleurs » (p. 122). Il invite le lecteur à engager une réflexion originale sur la possible émancipation des travailleurs précaires au-delà du cadre de l’entreprise. Notamment en prenant en compte des « formes de vie nouvelles », des « manières renouvelées de faire ensemble », dont les précaires sont les témoins.
Marion Duval, « Patrick Cingolani, Révolutions précaires : essai sur l’avenir de l’émancipation, Paris, La Découverte, 2014 ? 164 p. », La nouvelle revue du travail [En ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 01 mai 2017, consulté le 22 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/nrt/3148 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nrt.3148
L’auteur revient, dans un premier chapitre, sur l’ambivalence du mot « précarité » à travers deux acceptions « l’une associée à la stratégie [patronale] d’assujettissement et d’exploitation du travailleur passant par la fragmentation et l’opacification des conditions de travail et de l’emploi ; l’autre associée à des pratiques et des tactiques de contournement des modes d’assujettissements et d’exploitation du travail [par les travailleurs eux-mêmes] » (p. 26). Pour l’auteur, ces acceptions antithétiques mais complémentaires du mot « précarité » émanent principalement de la sociologie du travail et des mouvements sociaux. L’auteur fait un retour historique sur les différentes formes d’exploitation ainsi que sur l’évolution des enjeux identitaires au travail dans la deuxième moitié du xxe siècle. Ce retour historique permet de souligner la reconfiguration de l’éthos populaire du travail engendrée par la massification scolaire et l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur. Ainsi l’accès et l’allongement du temps d’étude a permis « l’épanouissement d’une multiactivité allant des loisirs récréatifs aux arts » (p. 35) et permettant la mise en place d’une « dynamique d’expériences » où « l’identité sociale » se construit par « expérimentations répétées » dans et hors travail (p. 36). Pour illustrer cela, l’auteur prend pour exemple emblématique les industries culturelles comme tout à la fois « lieu d’expérimentations majeur des pratiques néomanagériales » et « laboratoire des nouvelles figures du travailleur » (p. 45).
Afin d’illustrer l’« autonomie » et l’« échappée hors de la subordination », Cingolani, dans le deuxième chapitre, mobilise les travaux de Jacques Rancière à partir des récits d’un « philosophe plébéien », Louis Gabriel Gauny, un ouvrier parqueteur du xixe siècle. En s’attardant ici sur le rapport de Gauny à son travail et l’ambivalence du travail à la tâche qu’il effectuait, l’auteur cherche à « approfondir ce que la figure plébéienne a à nous dire des contradictions du travail et des tensions entre émancipation et exploitation » (p. 52).
Revenant au cas des travailleurs de l’industrie culturelle, l’auteur définit « cinq types de déplacement dans la relation de travail et au quotidien » qui caractérisent ces travailleurs qui se situent à la limite du salariat précaire et du travail indépendant. Il distingue ainsi cinq caractéristiques dans le rapport au travail qui sont autant d’options existentielles : « l’horizon d’accomplissement dans le travail », c’est-à-dire la volonté de réaliser un travail correspondant à ses aspirations ; « la relation au singulier », où le travail s’introduit dans la sphère privée ; « le rapport entre travail, connaissance et réputation », c’est-à-dire la reconnaissance par le collectif de travail et par ses pairs ; « la recherche d’intensité » liée au rythme de travail et aux délais de productions toujours plus courts ; et, enfin, « le travail gratification et la frugalité », c’est-à-dire en opposition avec un modèle consumériste. Pour Patrick Cingolani, ces caractéristiques rendent compte à la fois de la grande flexibilité et de la fréquente précarité du travail au sein des industries culturelles.
Au début du troisième chapitre, sont mis en exergue les effets du capitalisme actuel qui configurent de façon nouvelle le travail. En effet, celui-ci participe à réduite le « caractère pyramidal des organisations » et pousse ainsi les salariés, au-delà de l’industrie culturelle, à s’auto-organiser. Ces derniers sont alors amenés à investir une certaine autonomie qui peut cependant se traduire par une forme de « marginalisation sociale » (p. 85). Cette dynamique de marginalisation prend notamment forme lorsqu’il y a « rupture avec les modèles de vies et de consommation dominants » (p. 85), par exemple lorsque des activités non rémunérées sont développées en dehors du cadre formel et dominant du travail.
Enfin, dans le dernier chapitre, Patrick Cingolani revient sur l’ambivalence mise en avant tout au long de l’ouvrage : à savoir que si « les figures de l’autonomie […] ne sont pas une libération du travail ou du travailleur » et qu’« elles s’accompagnent de nouvelles conditions d’assujettissement et de captation du travail » (p. 119), elles peuvent néanmoins être un « ressort alternatif et adversatif » (p. 120). L’auteur nous incite d’une part, à ne pas penser l’autonomie uniquement comme « nouvelle figure d’assujettissement » (p. 120), à l’instar des sociologies contemporaines et, d’autre part, à envisager l’avènement d’une « société postindustrielle » dans laquelle des « potentialités nouvelles » émergent et permettent l’avènement d’un processus d’autoréalisation individuel et collectif des travailleurs » (p. 122). Il invite le lecteur à engager une réflexion originale sur la possible émancipation des travailleurs précaires au-delà du cadre de l’entreprise. Notamment en prenant en compte des « formes de vie nouvelles », des « manières renouvelées de faire ensemble », dont les précaires sont les témoins.
Marion Duval, « Patrick Cingolani, Révolutions précaires : essai sur l’avenir de l’émancipation, Paris, La Découverte, 2014 ? 164 p. », La nouvelle revue du travail [En ligne], 10 | 2017, mis en ligne le 01 mai 2017, consulté le 22 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/nrt/3148 ; DOI : https://doi.org/10.4000/nrt.3148
Sociologie des Mompreneurs : Entreprendre pour concilier travail et famille ?
Auteur.rice
Julie Landour
Type de ressource
- Livre, ouvrage, bande dessinée
Description
Les Mompreneurs se définissent comme des femmes qui deviennent entrepreneures et mères en même temps. Dans leur discours, créer une activité économique indépendante – le plus souvent à domicile – leur permet de mieux profiter de leur enfant.
Faut-il voir dans le mouvement des Mompreneurs, né en France à la fin des années 2000, la solution idéale pour articuler travail et famille ? Tel est le point de départ de cette étude, fondée sur une enquête originale, qui mêle ethnographie d'un collectif de Mompreneurs, récits de vie et enquête statistique.
Cet ouvrage permet d’éclairer la bifurcation de ces femmes du salariat vers l’indépendance. Il donne à voir tout à la fois les ressorts de leur reconversion et ses limites. Il montre aussi qu’il est nécessaire, pour comprendre leur engagement, d’interroger la manière dont elles investissent la maternité. Aussi ce livre documentet- il également les normes contemporaines de la parentalité et leurs effets distinctifs. Il éclaire les inégalités que ces normes contribuent à renouveler entre les hommes et les femmes ainsi qu’entre les femmes elles-mêmes.
Faut-il voir dans le mouvement des Mompreneurs, né en France à la fin des années 2000, la solution idéale pour articuler travail et famille ? Tel est le point de départ de cette étude, fondée sur une enquête originale, qui mêle ethnographie d'un collectif de Mompreneurs, récits de vie et enquête statistique.
Cet ouvrage permet d’éclairer la bifurcation de ces femmes du salariat vers l’indépendance. Il donne à voir tout à la fois les ressorts de leur reconversion et ses limites. Il montre aussi qu’il est nécessaire, pour comprendre leur engagement, d’interroger la manière dont elles investissent la maternité. Aussi ce livre documentet- il également les normes contemporaines de la parentalité et leurs effets distinctifs. Il éclaire les inégalités que ces normes contribuent à renouveler entre les hommes et les femmes ainsi qu’entre les femmes elles-mêmes.
Cette ressource est inspirante parce que ...
Julie Landour vient interroger ce terme de "conciliation" et met en avant les risques de précarisation non conscientisée chez les femmes entrepreneures.
Valoriser et visibiliser le travail des femmes rurales | Dégenrons : ça vous dérange ? #1
Auteur.rice
Coordination Civam 44 et Réseau Civam
Type de ressource
- Film
Description
Dégenrons le monde agricole et rural ! Ça vous dérange ?
Une série de vidéo qui fait suite aux réflexions des paysannes et femmes rurales de différents groupes Civam sur tout le territoire, engagées dans des groupes en non mixité.
• Valoriser et visibiliser le travail des femmes rurales #1
• Faciliter l’accès aux métiers techniques #2
• Non-mixité : un espace d’éducation populaire émancipateur puissant #3
Découvrez également leurs propositions et préconisations pour faire évoluer les fermes, les structures et les politiques publiques !
https://www.civam.org/ressources/rese...
Merci aux paysannes, entrepreneuses et animatrices du Civam 44, du Civam Haut Bocage de l’Afipar
Production : Léa Durif & Clément Riberolles - Coordination Civam 44 et Réseau Civam
Une série de vidéo qui fait suite aux réflexions des paysannes et femmes rurales de différents groupes Civam sur tout le territoire, engagées dans des groupes en non mixité.
• Valoriser et visibiliser le travail des femmes rurales #1
• Faciliter l’accès aux métiers techniques #2
• Non-mixité : un espace d’éducation populaire émancipateur puissant #3
Découvrez également leurs propositions et préconisations pour faire évoluer les fermes, les structures et les politiques publiques !
https://www.civam.org/ressources/rese...
Merci aux paysannes, entrepreneuses et animatrices du Civam 44, du Civam Haut Bocage de l’Afipar
Production : Léa Durif & Clément Riberolles - Coordination Civam 44 et Réseau Civam
